Aleksander était accoudé au bar en tant qu'unique client du moment, en train de boire verres de vodka sur verres de vodka non pas pour étancher sa soif malgré la chaleur mais pour oublier sa peine. Chaque fois qu'il repensait au passé, non seulement cela le rendait nostalgique et pendant un temps on pouvait voir un homme brisé. Mais dès que la carapace revenait, il y avait à la place le soldat glacial et sinistre qu'il a toujours été. La bouteille à ses côtés, sa seule amie du moment, se vidait au fur et à mesure. Et plus il buvait, plus il allait mieux. Il oubliait et planait dans ses vapeurs alcooliques. Il était habillé en treillis camouflage façon urbain numérique, portait une paire de rangers aux pieds et portait aussi un débarder noir qui montrait ses bras, avant-bras, et mains pleines de tatouages. Et un code barre sur son cou qui restait une énigme sauf pour lui. Pendant un moment, il contemplait son verre vide puis vidait le reste de la bouteille dans son verre. Dans le silence ambiant et sa solitude, il entendit la porte s'ouvrir et ne prit pas la peine de retourner sa tête pour voir qui y était entré. S'il l'aurait fait, il aurait accueilli la personne d'un regard noir et l'air menaçant. Il but le contenu de son verre cul sec et se retourna pour accueillir la personne d'un regard noir et l'air menaçant. Et ce qu'il vit le fit sourire intérieurement peu après. Luka Van H se tenait là...Pas franchement impressionné par le bonhomme qui tentait de se lever et se cassa la gueule. Loskov se retrouva bien vite à terre, affalé sur le sol et surtout bourré.

Soir de brume, soir de desordre. Je marche dans les rues de cette ville presque fantome. Couvre feu... ? Tout me blase, il suffit d'un rien, d'un pas grand chose et je finis blasée. Je marche sans vraiment savoir où mes pas me menent. Je croise des gens. Une personne. Deux personnes. Peu d'interet... Il suffit d'echanger quelques bonjours, quelques stupidités, quelques futilités... Et les gens finissent contents. On devrait tous se satisfaire de cette vie que l'on mene. Au fond c'est vrai. On est en vie non ? C'est le plus important je crois. Mais mon coeur est en Europe, probablement pietiné sous des zombies sans noms. Je suis... Tellement triste ? Tellement perdue. Ce n'est pas dans un monde en ruine que l'on decide de refaire sa vie. Et je soupire... L'enseigne un peu cassée du rare bar de la ville m'interpelle vaguement. Pourquoi pas ? C'est pas comme si il allait y'avoir foule. Meme les alcooliques preferent boire chez eux. Je les comprends. Ils ont peur... Un alcoolique, un zombie, où est la différence au final hein ? Ouais... Ca donne envie de tirer dans le tas, à tout va. J'esquisse un nouveau soupir et je pousse la porte, tout doucement. Personne, enfin... Si, le barman, et une type. Rien de bien transcendant quoi. Je regarde un peu ailleurs... Et puis c'est quoi ce type qui se quiche sur le sol dans sa tenue ridicule... Blasant non ?

« Pas pratique hein ? » Je me fend d'un demi sourire et je fais signe au barman de me servir un verre. De la biere... Ouais, y'a plus grand chose d'autre, faudra sortir a la recherche de boissons peut être. Ca pourrait être une bonne idée. Je me souriais interieurement. Ouais. J'allais mourir pour une bouteille de martini, ça serait une mort honorable j'en étais sure. Pfff. Fichue vie, Fichue ville. Je tendais ma main à la loque par terre... La, franchement je ne le / la reconnaissait pas, en même temps... J'avais la tête ailleurs, et c'était bien... emmitoufflé dans sa tenue. Allez, j'allais essayer de l'aider à se relever non . « 'accrochez vous, » c'est pas parce que j'ai la carure d'un moineau que j'ai pas de force. Note ça dans ta tête. Pasteque.

Quelqu'un m'aida à me relever. J'entendis des paroles, une voix de femme mais ne fis pas attention à ce qu'elle me disait, en fait j'avais l'esprit trop embrumé pour entendre quoi que ce soit. J'attrapais sa main, leva les yeux et vit Luka. Je m'appuyais sur une table pour essayer de tenir droit. J'étais mal. Et finir bourré ainsi devant une femme, cela le faisait pas du tout. Et cela même si j'étais peiné, nostalgique ou même triste. J'avais abandonné ma carapace pour devenir cet homme brisé par la vie et surtout par Hélios. Ma vengeance sera terrible... Suffisamment terrible pour tous les secouer. Fallait pas me faire chier. Je commandais au barman un verre d'eau et le but cul sec. J'avais les yeux rouges de fatigue et de tristesse. Je déglutis un bon coup et réendossa ma carapace, mon armure, celle qui me transformait en soldat et me redonnait vigueur. Je demandais au barman d'une voix assuré de servir ce que voulait la jeune femme et je commandais de l'eau, une bouteille d'eau. Je laissais Luka seule le temps d'aller aux toilettes et de dégobiller tout l'alcool dans les toilettes, puis je me passais la tête sous l'eau pour me rafraichir. Je me sentais mieux, même avec l'alcool encore dans le sang. Au moins me sentais-je moins en vrac... Je rejoignis Luka un peu plus frais qu'avant et la prit dans mes bras pour lui faire un bon gros câlin et de lui caresser le dos avant de l'embrasser sur le front puis sur le coin des lèvres. Je trinquais ensuite avec elle et but mon eau. J'avais enfin repris le sourire avec elle. A vrai dire, Luka était mon rayon de soleil à moi.

L'homme a terre... ? C'était Loskov. Aleksander. Ami et protecteur. Ouais. Amis... Non vraiment.... J'étais amie avec un tel homme. Il me rassurait dirons nous. Il etait gentil et attentionné, quand il n'était pas trop fou, et la... Ca me faisait de la peine de le voir dans un tel etat. Enfin... Je n'avais pas eu le temps de dire grand chose qu'avec mon aide il s'était deja relevé et etait parti pour les toilettes — trés elegant — en disant au barman de me servir ce que je voulais. Murmurant que je desirais une téquila j'attendais le retour de l'homme, en glissant mon doigt machinalement sur le rebord du verre. Pour un peu... Je me serais cru bien des années plus tot quand je buvais dans les bars jusqu'a en perdre toute idée de ce que j'étais. Nan, j'avais pas toujours été une fille serieuse et bien. Meme loin de la en fait. J'étais une ... Qu'importe. Tout etait different aujourd'hui, et la femme qui m'avait calmée... Etait bel et bien morte. Non. Le pire... C'était de ne pas savoir. Elle etait peut être comme moi dans un centre de survivants en Europe. Je voulais aller en Europe. Personne ne m'en empecherait.

Quelques minutes avaient passées et Alex etait revenu. Un peu plus.... frais ouais. Pas si frais que ça puisqu'il m'avait pris dans ses bras. Allez savoir d'où c'était venu ça... Il savait pourtant que je n'aimais pas vraiment les calins et encore moins les bisous. Mais comme il avait triste, et que j'etais pas beaucoup mieux, je resserais l'etreinte, et je posais ma tete sur son torse un peu. Il etait.... beaucoup plus grand et plus fort que moi. Au fond il me rassurait. Et puis il me ressemblait. Enfin... Pas vraiment, et pas pour grand chose, mais il y'avait cette nostalgique, cette tristesse ancrée en nous. J'arretais de penser un peu, et je trinquais avec lui avant de boire mon verre d'un coup sec. C'était fait. Pas assez d'alcool la dedans pour que je m'ennivre ou meme que je devienne un peu gai. Mais tant pis, ce soir je garderais le controle. Doucement je le regardais. « Tu peux me parler de ce qui va pas si tu veux. » C'était connu... On ne boit pas sans raison. C'était un fait. Je lui souriais doucement et je faisais signe au barman de me remettre une tequila. Juste une.... Une toute petite.... Mais juste une quoi. C'est pas ça qui m'empecherait de reflechir.